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100 œuvres qui racontent le climat : Prêt exceptionnel du Musée d'Orsay

RF 1993 21, Claude MONET, Les déchargeurs de charbon, huile sur toile, vers 1875 ; H. 54,0 ; L. 65,5 cm. Dation 1993 © Claude Monet © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
En 2025 le Musée d’Orsay souhaite fédérer autour de la question du climat et de la biodiversité
et a sélectionné 100 œuvres de sa collection «qui racontent le climat» et les a prêtées à des musées en régions. Dans ce cadre le Musée de la Seine-et-Marne bénéficie du prêt d’une œuvre exceptionnelle : «Les Déchargeurs de Charbon» de Claude Monet.

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Les causes de la crise du climat et de la biodiversité (Industries, transports, alimentation, exploitation des ressources, urbanisation)

Monet partage les préoccupations de certains de ses contemporains, comme le peintre Degas ou le romancier Zola, qui s'attachent à évoquer la vie moderne sous ses divers aspects. L'artiste résida à Argenteuil de 1871 à 1878, et se rendait fréquemment à Paris par le train, lequel franchissait la Seine par le pont ferroviaire d'Asnières, près duquel se déroule cette scène. Le pont que l'on voit devant est le pont routier d'Asnières, et l'on devine au loin dans la grisaille le pont de Clichy.
Cette scène montrant des ouvriers demeure atypique dans l'œuvre de Monet. La Seine n'y est pas le fleuve gai où se déroulent des régates, mais celui qui charrie les péniches. Les berges ne sont pas bordées d'arbres, mais de cheminées fumantes. Les promeneurs du dimanche cèdent la place à des déchargeurs de charbon vidant les chalands - des péniches- afin de ravitailler l'usine voisine.
Certes, le tableau ne relève pas de la critique sociale : le point de vue distant privilégie le paysage urbain comme l'enregistrement d'un spectacle banal et quotidien. Mais les tons éteints, allant du vert au gris, donnent à la scène une atmosphère sourde. Les silhouettes à contre-jour, dépersonnalisées, disposées en files parallèles au rythme mécanique sur les passerelles, sont aussi une image de la tristesse de la condition ouvrière. Les figures sont fortement contraintes par le rythme de la composition : l'arche du pont impose sa masse, la grande oblique des péniches traverse la toile, tandis que les lignes des planches donnent une scansion particulièrement obsédante. L'analogie avec les estampes japonaises que Monet collectionnait, des vues d'Edo par Hokusai et Hiroshige, est indiscutable.