Pierre Mac Orlan
Carte de la guerre 1914-1918

« Ma chère petite femme,
J’ai reçu des nouvelles de Raynal. Je lui ai écrit que tu voyais souvent sa femme. Il sera content. Ici, il fait un temps épouvantable, pluie, vent etc. Mes souliers tiennent toujours bon. Dans ma carte d’avant-hier, je t’ai écrit que j’avais reçu l’envoi des Rire Jaune. C’était pour quelques officiers. La vie de tranchée continue. En somme, il n’y a pas à se plaindre pour le moment. A côté de ce que j’ai vu, c’est la forme. Quand tu auras des loisirs, vas faire un tour à Versailles. Ma grand-mère qui t’aime beaucoup te réclame dans chaque lettre. Voici tout le nouveau, mon bonhomme. Bonjour aux amis, baisers à Berthe, poignée de main à Frédé. Je t’embrasse de tout mon cœur, ma chérie.
Ton Pierre. »

Pierre Mac Orlan sera blessé en 1916, sur le front de la Somme, près de sa ville natale, Péronne. Il aura la « bonne blessure », sera retiré du front sans rester mutilé.
Il repartira ensuite comme reporter de guerre des armées sur le front de l’Est.