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Flash info
Fermeture annuelle du MDSM
Cet hiver, le musée sera fermé du lundi 16 décembre 2024 au mercredi 15 janvier 2025 inclus. Nous vous accueillerons dès le jeudi 16 janvier 2025 aux horaires habituels.
L'équipe du musée vous souhaite de passer d'agréables fêtes de fin d'année.
La commune de Chateaubleau, située entre Nangis et Provins, a acquis une renommée scientifique, grâce aux importants vestiges gallo-romains se situant sur son territoire. Des monuments majeurs tels que différents sanctuaires, des quartiers d'habitation et un théâtre ont été mis au jour depuis le début des fouilles dans les années 1960.
Quel rythme pour les fouilles ?
Le déroulement des fouilles sur le site de Chateaubleau
Le site de Châteaubleau fait l’objet de 3 campagnes de fouilles annuelles :
1 semaine en février, 1 semaine en avril, et le mois d'août.
Le site, découvert par l’instituteur Victor Burin, fête cette année ses 50 ans de fouilles. Les fouilles sont gérées aujourd’hui par l’association La Riobé.
Une équipe de géophysicien de La Rochelle vient par ailleurs chaque année sur le site.
La fouille du théâtre antique est presque terminée. Les Grands jardins sont en cours de fouille. Et les fouilleurs procèdent désormais par sondages..
Plan du site archéologique
Un site structuré en quartiers
Le site se compose d’un quartier nord, un quartier sud, un sanctuaire des sources au nord, un ensemble cultuel au sud, un théâtre antique, un ensemble cultuel central. Il date du Haut et Bas Empires (3ème – 4ème siècles).
C’est une agglomération sanctuaire ou un sanctuaire agglomération.
Présence de l'eau
La présence de l’eau est prééminente sur le site avec une nappe phréatique proche de la surface du sol. Cette abondance en eau est certainement l’une des raisons de la présence humaine depuis les temps reculés.
Structure sociale du village
Un village autour d'un lieu de culte ?
La présence d’un pouvoir municipal y est probable. Quand on construisait un quartier, on en détruisait un autre. L’agglomération se répartit autour de la voie antique (aujourd’hui D 209) qui existe depuis la période gauloise. Il est possible qu’un sanctuaire gaulois ait préexisté au sanctuaire gallo-romain. Et l’église actuelle se trouve dans l’emprise du sanctuaire antique, indiquant une sorte de continuité d’occupation des espaces. Il serait intéressant de mener des fouilles médiévales. Des espaces de jardins existaient à l’arrière des maisons. La production de noisetier et de chêne est attestée.
Artisanat et agriculture
A côté de cette activité de jardin vivrière, s’est développé de l’artisanat : des potiers (une production de poterie claire ou sombre). On retrouve aussi de la poterie importée (Bas-Empire) : sigillée d’Argonne et du Centre de la France. La présence de fosses fait présager soit une activité de tannage de cuir, soit de production et transformation par rouissage de chanvre. On a trouvé des meules manuelles domestiques mais aussi une meule de plus grande dimension qui était peut-être celle d’un moulin hydraulique.
Diversification des activités
À Vieux-Champagne, la commune voisine, a été retrouvé un grenier à céréales comportant un système de vide sanitaire, pour la ventilation du grain. Ce grenier devient ensuite officine de faux-monnayage au 3ème siècle. Cette activité était tolérée à cette époque de crise économique, durant laquelle l’Etat ne parvenait pas à frapper suffisamment de monnaie. Châteaubleau comprenait un atelier de faux monnayage avec 3 officines.
Actualité du site de Chateaubleau
De l'utilisation du fléau ?
Aujourd’hui, Guillaume Huitorel, archéologue, travaille sur les moyens de production des villas gallo-romaines et est responsable de secteur sur les fouilles de Châteaubleau (les grands jardins, le théâtre).
Il souhaite réaliser une expérimentation de battage au fléau. En effet, des éléments métalliques pouvant faire penser à des douilles et/ou soies articulées de fléau ont été retrouvées sur le site. Cette partie articulée est en cuir sur les fléaux modernes, comme ceux conservés au musée de la Seine-et-Marne.
La première référence archéologique du battage au fléau date du 4ème siècle tandis que la première représentation du battage au fléau date du 9ème siècle. En France, les aires de battage sont situées en extérieur au sud de la Loire et le long de l’Atlantique jusqu’en Bretagne, tandis que dans la moitié nord, le battage est traditionnellement effectué en grange.
Qu’en est-il à cette époque gallo-romaine ? Les articulations retrouvées pourraient être des articulations de fléaux, instrument pour l’instant non attesté à cette époque reculée. L’expérimentation avec des fléaux reproduits avec le même type d’articulations métalliques, comparées avec l’utilisation de fléaux du musée de la Seine-et-Marne permettra de vérifier cette hypothèse.
Expérimentation de battage
Le musée a prêté des outils, fléaux et van, pour cette expérimentation qui s'est déroulé en août 2015 et a été reproduite au moment des journées du patrimoine en septembre 2015.
Une carpologue* a participé à l’expérimentation - elle a étudié les déchets issus du battage sur une aire de battage : le musée a prêté un van car les céréales devaient être nettoyées par vannage pour les besoins de l’expérience. Djamila Merabet, vidéaste du musée de la Seine-et-Marne a filmé cette expérimentation que nous vous proposons de voir en suivant ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=8B2JkSfk15s
Guillaume Huitorel a pu communiquer les résultats de l’expérience lors d’un colloque sur l’outillage antique qui s'est déroulé au mois d'octobre 2015
(*La carpologie est la discipline scientifique qui étudie les paléo-semences, carporestes (fruits) ou diaspores conservés et découverts en contexte archéologique. À l’intersection de l’archéologie, de la botanique, de l’ethnologie et des sciences agronomiques, la carpologie fait partie de l’archéobotanique.)