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Qu'elle est belle la mariée !
Comment le mariage contribue-t-il à construire le genre féminin ?
Au cours de la cérémonie du mariage, civil ou religieux, c’est surtout le changement de statut social de la femme qui est visible. De Mademoiselle, elle devient Madame.
Malgré la réactualisation des rituels entraînée par la conquête de l’égalité entre les hommes et les femmes, le déroulement de cette journée reste marqué par ce changement progressif de l’état de jeune fille/femme à l’état d’épouse.
Comme l’organisation reste largement une affaire de femmes, on peut dire que le mariage contribue encore fortement aujourd’hui à construire le genre féminin, qui se situe au centre de la mise en scène du mariage.
Introduction
Mon sexe, mon genre et moi
Le sexe, c'est ce que l'on voit, le genre, c'est ce que l'on ressent. (Dr Harry Benjamin)
- Le « genre», c’est l'identité que les individus se construisent en étant baignés dans leur environnement social ; c'est la «masculinité» ou la « féminité ».
- Ces caractères ne sont pas biologiquement fixés, mais sont le résultat de mécanismes très forts de construction et de reproduction sociales, notamment au travers de l'éducation.
- Le « sexe », c’est l’identité biologique donnée par les gènes. Il s’exprime à travers des caractères mâles ou femelle.
- « Moi », je suis le résultat personnel de l’interaction entre les caractéristiques biologiques et le patrimoine culturel de mon environnement social.
L’égalité dans la famille et le couple
De la Révolution de 1789 à la fin du 19ème siècle
1792 – Loi sur le mariage civil et le divorce qui reconnaît l’égalité des époux et le droit de divorcer par consentement mutuel (abrogée dès 1804, rétablie en 1975). C’est une Convention. Naissance de l’Etat Civil qui instaure l’identité des individus – hors baptême.
1804 – Le Code civil napoléonien abroge la convention de 1792 et consacre l’incapacité juridique totale de la femme mariée. Le divorce est maintenu et abrogé lors de la Restauration en 1816 ; Loi de Bonnald.
1810 – L’adultère de la femme est passible de prison, l’adultère de l’homme n’est passible que d’une amende. Le “ devoir conjugal ” est une obligation : il n’y a pas de viol entre époux.
1884 – La loi Naquet rétablit le divorce, mais ne reconnaît pas le divorce par consentement mutuel.
Du début du 20ème siècle à l'aube des années 1970
1907 – Les femmes mariées ont la possibilité de disposer librement de leur salaire.
1920 – Les femmes peuvent adhérer à un syndicat sans l’autorisation de leur mari.
1938 – La puissance maritale est supprimée : l’épouse n’est plus tenue au devoir d’obéissance à son mari. Mais ce dernier conserve le droit d’imposer le lieu de la résidence et d’autoriser ou non l’exercice d’une profession à sa femme. Il garde l’autorité paternelle sur les enfants.
1946 – Le préambule de la Constitution pose le principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes dans tous les domaines.
1965 – La femme peut exercer une activité professionnelle sans l’autorisation de son mari.
Des années 1970 au début du 21ème siècle
1970 – Remplacement de l’autorité paternelle par l’“autorité parentale ”. Désormais, la notion de chef de famille est supprimée.
1972 - Possibilité pour la femme mariée de contester la paternité du mari et de reconnaître un enfant sous son nom de naissance.
1975 – Instauration du divorce par consentement mutuel.
1983 - Double signature obligatoire sur la déclaration de revenus d’un couple marié. Suppression de la notion de chef de famille dans le droit fiscal.
1984 - Recouvrement des pensions alimentaires impayées par l’intermédiaire des caisses d’allocations familiales. Égalité des époux dans la gestion des biens de la famille et des enfants.
1985 - Possibilité d’ajouter au nom porté par l’enfant le nom de l’autre parent (en général le nom de la mère) en tant que nom d’usage. Loi prévoyant la protection sociale du conjoint divorcé pour rupture de la vie commune.
1987 - Élargissement des cas où l’autorité parentale peut être conjointe (divorce, concubinage).
1990 - Loi du 10 juillet qui permet aux associations luttant contre les violences familiales de se porter partie civile.
1994 – Aggravation des peines pour les époux ou concubins coupables de violences familiales/conjugales.
2003 - Possibilité de choisir le nom porté par l’enfant : celui du père, celui de la mère, ou les deux patronymes accolés.
Les thématiques
Découvrez les symboles et l'imaginaire liés à la robe de mariée, élément central du mariage.
Quels liens entre robe et mariage ?
Les filles et le mariage
Depuis sa plus tendre enfance, la famille, la société, la culture dans lesquelles la petite fille grandit lui proposent des modèles et des images :
- des photographies de mariage de l’univers familial, jouets,
- des comptines et contes traditionnels, lui enseignent le mariage comme une finalité (le fameux : « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »),
- un univers de la mode féminine (tout défilé de mode se termine par le mariage symbolique de son créateur avec un mannequin en robe de mariée),
- une presse people et des magazines féminins où le thème du mariage ressort à chaque printemps, reportages télévisés sur des mariages célèbres.
Et bien sûr, les arts, la littérature et le cinéma racontent et mettent en scène des cérémonies de mariage socialement conformes ou transgressives.
Avant tout projet de mariage concret, les femmes se construisent avec ces images, qu’elles refusent ou auxquelles elles adhèrent, mais dont elles sont de toute façon imprégnées.
Ces images se mêlent à leur histoire personnelle. Il n’est pas neutre que le modèle de robe actuellement le plus en vogue soit celui d’une robe de princesse...
La robe fait la mariée
Dans la préparation du mariage, la robe occupe une place très importance et « organise » celui-ci. Elle induit le style de la cérémonie.
Par son élaboration puis son utilisation, elle « fait » la mariée, au triple sens, matériel, symbolique, social.
Elle désigne la mariée et la rend reconnaissable. Beaucoup adoptent ce code social et culturel.
Entre la robe rêvée et celle qu’elles revêtent le jour de leur noce, il existe souvent un écart, fruit du compromis avec les impératifs religieux, les représentations sociales, familiales.
On ne porte donc jamais totalement la robe de ses rêves, mais plutôt une robe issue d’une négociation faisant intervenir conjoint, famille, commerçants, religion et univers social.
L’habit est investi des représentations et du sentiment familial, en particulier de celui de la mère et des sœurs.
Les mères sont les plus impliquées dans la dépense liée à l’habillement de la mariée. Elles accompagnent souvent les choix et les essayages. La robe de mariée permet ainsi la transmission de l’identité d’épouse ou de femme mariée entre mère et fille.
Les fabricants et certaines chaînes de magasins proposent tous les éléments pour finaliser la tenue. Les techniques de vente poussent à acheter des accessoires pas forcément nécessaires.
Ces techniques rencontrent l’imaginaire des mariées et les représentations inculquées de longue date : « robe de rêve, robe de princesse… »
La forme des robes de mariée
Depuis le Moyen Age, l’habit de mariage est neuf. Cette robe d’apparat montre le statut social.
Au 18ème siècle, elle devient un objet de mode. Le stéréotype se construit peu à peu.
Les robes de mariée sont de forme plutôt simple jusqu’à l’après-guerre. Elles adoptent dans les années 1960 les formes du vêtement ordinaire.
C’est depuis les années 1980 qu’on assiste à la diffusion massive des robes d’apparat, plus proches du costume de théâtre ou d'opéra.
Ces robes, constituées d’un bustier serré et d’une jupe ample, s’inspirent de formes anciennes du vêtement et imitent les robes de princesse, de marquise.
Ces formes mettent en valeur le corps : crinolines, traînes, jupons, masquent les rondeurs, tandis que les corsets affinent la taille.
Les fabricants leur donnent des noms qui rencontrent l'imaginaire des mariées : mythologie, géographie, histoire, théâtre, cinéma, univers romantiques.
La robe fait-elle la mariée ?
La recherche de la robe et les séances d'essayage permettent à la future épouse d’intérioriser progressivement son rôle et son identité de mariée.
Cette incorporation est mentale, physique et corporelle : elle s’opère par l'image que renvoie le miroir.
Elle est également sociale par la confrontation au regard des personnes présentes : la vendeuse et les proches qui confirment l’image produite.
L’incorporation passe aussi par le fait de bien se tenir dans un vêtement inhabituel et inconfortable, destiné à produire une représentation précise du corps : corset serré, traîne et jupons encombrants...
La jeune femme doit faire sienne cette tenue. Les effets de rideaux de la cabine, le dévoilement de la future mariée aux "spectatrices", l’attitude attentive de la vendeuse, théâtralisent l'essayage de la robe.
Le blanc de la robe
Le blanc est associé au mariage traditionnel.
Il domine encore, même s’il est pondéré par l’utilisation de teintes proches du blanc, comme ivoire, beige, champagne, ou par des couleurs complémentaires qui soulignent les tenues (bordeaux, rose, vert pâle…).
Le blanc de la robe de mariage est récent.
C’est le résultat d’une évolution lente dont l’origine remonte au 16ème siècle, quand le pape lia dans une même promesse de salut, le sacrement du baptême à celui du mariage par cette couleur.
Le blanc devient alors symbole de pureté dans les fêtes catholiques.
Au 17ème siècle, il symbolise l’innocence et la virginité. La mode se répand. Au 19ème siècle, les figures de la jeune fille pure, de la communiante, et de la mariée sont liées.
Suivant le modèle de la Vierge imposé par l'Eglise, le blanc rappelle que la sexualité est réservée à la procréation légitime.
Toutefois, dans les régions françaises, les robes folkloriques noires ou de couleur, complétées par une couronne ou un voile, persistent encore un certain temps.
Rester parfaite
La mariée, symbole de pureté et de perfection, doit conserver sa robe propre tout au long des cérémonies et des séances photos.Elle réajuste des accessoires qui sont parfois gênants, ainsi que son maquillage. Elle fait attention à ses postures et focalise souvent son attention sur un détail qui la gêne.
La mariée, au début de la journée, paraît un peu raide dans cette robe, large et imposante, à laquelle elle n’est pas habituée.La forme du bustier, en pointe, et le port du bouquet induisent une position des mains jointes vers le bas, en un geste de chasteté.
Cette robe est appropriée quand la mariée, à la fin de la soirée, ouvre le bal par une valse.
Le rituel religieux s’assortit de gestes plus ou moins conscients : main qui va chercher celle du mari après l’échange des consentements, en signe d’amour et d’appropriation, passage de l’alliance au doigt, plus maladroit de la part du marié que de la mariée, mise en valeur par la mariée de l’alliance juste après cet échange.
Enfin, la force du rituel entraîne une émotion visible, davantage manifestée par la mariée et les femmes qui lui sont proches (sa mère, sa sœur…).
En plus de la robe, la mariée possède une panoplie d'accessoires symboliques.
Quels sont les accessoires de la mariée ?
La panoplie de la mariée
Les accessoires de la tenue de mariée ont deux fonctions : décorative et symbolique. Le bouquet, le chapeau, les éléments de la coiffure valorisent la robe sur les photographies. Les chaussures – à talons hauts - rehaussent et embellissent la posture de la mariée, en accentuant la cambrure.
D’autres objets sont plus symboliques. Une coutume veut que la mariée porte sur elle, pour un mariage réussi, quatre éléments.
- L’élément « vieux », souvent prêté par une mère ou une sœur, évoque le lien familial.
- L’élément neuf est le plus souvent la robe.
- L’élément emprunté, un bijou par exemple, provient d’un couple heureux en mariage et porte bonheur à la nouvelle épouse.
- L’élément bleu, autrefois la jarretière, aujourd’hui un mouchoir, symbolise la virginité.
Certains prêts de femme à femme sont des signes de reconnaissance d’accession à un autre statut, et d’entrée dans le groupe social des femmes mariées.
Un mariage aux couleurs de la robe
La robe est devenue l’élément organisateur du mariage, donnant la tonalité et la couleur de la fête.
Cette intégration de la robe peut être très poussée : au style de la robe sont associés le style de la cérémonie, la décoration de l’église, les robes des fillettes, le style du repas, des mets préparés, les éléments décoratifs de la salle de fête, les décors floraux... jusqu’aux consignes données aux invités.
Le voile
La remise du voile sur la tête de l’épouse prend de l’importance quand le christianisme devient officiel à Rome. Le voile symbolise la séparation de la mariée d’avec son milieu d’origine et sa subordination à son époux. La femme, conduite de la maison de son père à celle de son mari, quitte un groupe familial pour un autre.
Le voile symbolise aussi la volonté de préserver la mariée de toute souillure et des mauvais sorts. Aujourd’hui, la place du voile est souvent réduite ou résiduelle dans la tenue : celui-ci est intégré sous forme de voilette dans les chapeaux ou suggéré par un élément fixé sur la coiffure.
L’ensemble des traditions qui l’entouraient est en train de disparaître, et avec, la symbolique qui l’accompagne. Une étole en tulle couvrant les épaules de la mariée peut passer pour une forme détournée du voile. Elle cache la nudité de la gorge et du dos, non conforme avec les représentations liées au mariage religieux.
Le bouquet
L’usage du bouquet de mariée se répand à la fin du 19ème siècle, «maintenu à hauteur du bassin dans ce geste instinctif des mariées de ramener les mains dans la région pubienne », « symbole de virginité et de fécondité qui trouve son emplacement désigné ».
Traditionnellement, c’est le marié qui se charge d’aller chercher et d’offrir le bouquet à sa mariée. Aujourd’hui, le bouquet est choisi en fonction des couleurs du mariage ainsi que pour valoriser la robe, notamment sur les photographies. Le bouquet de la mariée rejoint de ce fait les nombreux décors floraux associés à cette cérémonie.
La mariée choisit de le garder en souvenir ou de le jeter (ou tirer au sort) aux invitées célibataires.
Vivez les différentes étapes de la vie d'une mariée, de la préparation à la cérémonie.
Qu'est-ce qu'une mariée ?
La robe fait-elle la mariée ?
La recherche de la robe et les séances d'essayage permettent à la future épouse d’intérioriser progressivement son rôle et son identité de mariée.
Cette incorporation est mentale, physique et corporelle : elle s’opère par l'image que renvoie le miroir.
Elle est également sociale par la confrontation au regard des personnes présentes : la vendeuse et les proches qui confirment l’image produite.
L’incorporation passe aussi par le fait de bien se tenir dans un vêtement inhabituel et inconfortable, destiné à produire une représentation précise du corps : corset serré, traîne et jupons encombrants...
La jeune femme doit faire sienne cette tenue. Les effets de rideaux de la cabine, le dévoilement de la future mariée aux "spectatrices", l’attitude attentive de la vendeuse, théâtralisent l'essayage de la robe.
Dans le corps d'une mariée
Le mariage est l’occasion d’un travail de soins liés au corps : bronzage, épilation, manucure, régime amaigrissant.
Cette transformation intime, destinée à montrer un corps soigné et lisse, fait l’objet d’essais et de négociations avec les professionnels : esthéticien, coiffeur, maquilleur.
La mariée veut surprendre, rompre avec son apparence quotidienne, elle veut aussi se reconnaître et qu’on la reconnaisse, comme mariée et comme elle-même.
Dans la peau d’une mariée
C’est au moment où elle s’habille de sa robe que la mariée intègre complètement son rôle.
Elle devient LA mariée, physiquement et mentalement.
Elle est aidée par ce que représente le costume qu’elle endosse : corset, plusieurs épaisseurs de jupons et arceaux qui contraignent son corps.
Au fil de l’habillage, elle revêt son identité de mariée.
Tout se joue dans les nouvelles limites du corps imposées par ce costume. Le travail corporel et postural est alors très important.
Il en est de même pour toute la préparation/transformation corporelle qui accompagne l’habillage : coiffure, maquillage de mariage sont ainsi destinés au travail de l’apparence.
T’es belle ma femme !
Tenir secrète la robe au regard du marié et des invités symbolise la séparation des époux.
Celle-ci se résout avant le début de la cérémonie où chacun découvre la mariée dans sa robe : premier moment d’émotion de cette mise en scène d’un jour.
Cet interdit renvoie à la distribution des rôles entre hommes et femmes : ce sont surtout les femmes qui sont associées au choix de la robe et aux essayages.
Cette vision de la mariée telle qu’elle est dans sa robe réactualise pour les invités ce qu’ils avaient imaginé en recevant le faire-part, première représentation de ce mariage-là.
Le plus beau jour de ma vie
Tout au long de la journée du mariage, la mariée dans sa robe est mise en scène au cours d’une succession de cérémonies officielles et de rituels populaires.
Cette journée est construite selon une dramaturgie, au fondement ancien et réactualisé, ponctuée de temps forts, et qui affirme le passage de l’état de jeune fille à l’état de femme mariée.
La mariée en est le centre et son émotion visible, le point d’orgue.
Cette émotion culmine à l’église si le choix de la cérémonie religieuse est fait : c’est le sommet de la tension émotionnelle qui explose ensuite dans la libération de la fête et s’achève par la présentation de la pièce montée et l’ouverture du bal, qui officialisent le nouveau couple.
Retrouvez ci-dessous un historique et une explication du mariage civil.
Se marier à la mairie
« Madame ou Mademoiselle ? »
Le mariage civil est le seul qui a force de loi et qui donne une existence légale au couple et à la famille. Il s’assortit d’un contrat de mariage, acte juridique qui décrit la situation matérielle de chacun, tout en prévoyant et en anticipant les conséquences de ce qui peut intervenir pendant ou après le mariage (faillite, divorce).
C’est donc un acte public qui entraîne la publication de bans, la présence de témoins, et le maintien ouvert des portes de la salle des mariages pendant la cérémonie. Il donne lieu à la rédaction d’un contrat entre les parties.
Le mariage organise socialement la transmission des patrimoines entre familles et la pérennisation de l’organisation et des structures sociales dont il est issu.
Le texte du code civil qui est lu aujourd’hui sous-tend l’égalité entre homme et femme, contrairement au code napoléonien de 1804, qui subordonnait entièrement la femme à son époux.
Pour nombre de femmes, leur place et leur identité dans la famille constituent l’un des motifs principaux pour se marier : la notion de famille est donnée par le même nom. C’est l’identité de mère qui est en jeu. Ces femmes souhaitent souvent porter le même nom que leur mari, alors que la loi ne les y oblige pas. Elles affirment par ce biais un lien de parenté identifiable avec leurs propres enfants.
Le vocable de “ mademoiselle ” est aussi abandonné pour la marque distinctive de “ madame ”. Ces règles d’usage qui ne font pas loi perdurent pourtant dans les procédures administratives de la vie quotidienne : aujourd’hui, l’emploi de « mademoiselle » est considéré comme discriminant envers les femmes.
Histoire du mariage civil
En 1791, le mariage devient en France un acte civil sous la forme du contrat laïc, et révocable par le divorce (loi de 1792).
L'histoire du mariage civil est marquée par des avancées et des retours en arrière. En 1804, le Code Napoléon place le mari comme chef de la famille avec les pleins pouvoirs sur celle-ci. À son mariage, la femme est jugée « incapable » et est privée de ses droits au même titre que les enfants mineurs et les fous.
Puis le divorce est supprimé en 1816, pour être rétabli en 1884, permettant un retour partiel à certains des acquis révolutionnaires.
La pleine égalité des conjoints n'existe dans les textes que depuis 1970 par la loi qui introduit la notion d’autorité parentale conjointe : « les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille ». En droit, il n'y a plus de chef de famille.
Le déroulement du rituel religieux et sa signification.
Se marier à l'église
Le rituel religieux et ce qu’il dit des femmes
Le mariage à l’église catholique est un engagement pris devant Dieu. Ses valeurs sont : fidélité, indissolubilité, fécondité, respect, pardon, confiance et ouverture aux autres.
L’homme et la femme deviennent « un », c’est-à-dire un seul cœur et un seul esprit. C’est pourquoi ils ne peuvent plus être séparés par la suite.
Ceci est symbolisé par l’entrée dans l’église des époux séparément au bras de leur parent respectif de sexe opposé, et par leur sortie au bras l’un de l’autre.
Le rituel du mariage catholique, comme celui du mariage civil, a évolué vers une mise en scène respectant davantage l’égalité des hommes et des femmes : réciprocité et effet miroir dans les déclarations communes des époux. Ainsi le passage de l’alliance.
Cependant, malgré cette évolution, des distinctions perdurent, avec les rôles, les valeurs catholiques et traditionnelles qui sont assignés à l’un et à l’autre sexe.
Elles varient en fonction de la personnalité de l’officiant et des choix qu’effectuent les époux pour le déroulement de la cérémonie. Elles sont tangibles à travers les lectures des textes bibliques et évangéliques qui sont faites et les paroles prononcées au cours de la bénédiction nuptiale ou de la messe de mariage.
Virginité et fécondité
La mariée dans sa robe symbolise la virginité.
Certaines pratiques rituelles évoquent la perte de la virginité de la mariée : passage de l’alliance à son doigt, découpe de la pièce montée, conquête de la jarretière. Bien que réactualisés, ces rituels gardent une force symbolique.
Ainsi, même quand ce n’est pas prévu à la mairie, les époux échangent leurs alliances devant leurs invités, dans une sorte de rituel improvisé.
Certaines pratiques symbolisent la fécondité comme le lancer de riz.
Aujourd’hui, c’est souvent des confettis qu’on lance en signe festif ou des pétales en forme de cœur : le signe de l’amour du couple prend alors le pas sur le signe de fécondité.
C’est aussi pour des raisons esthétiques (les pétales sont colorés) et parce que le lancer de riz est réputé faire mal.
L’échange des alliances
L’alliance n’est apparue en Occident qu’au 9ème siècle. C’est alors une alliance de fiançailles.
À partir de 1563, après le Concile de Trente, elle est réservée au mariage.
Jusqu’à récemment, seule la femme portait une alliance, en signe d’attachement et de fidélité à son mari.
Celui-ci lui passait au doigt pendant la cérémonie : ce rituel évoque dans la pensée populaire à la fois la perte de la virginité et aussi la domination du mari sur sa femme.
Mais les mariées, dans le jeu rituel, utilisaient des stratégies pour contrecarrer ce symbole, comme replier le doigt pour rendre le passage de l’alliance plus difficile, et montrer ainsi qu’elles ne seraient pas soumises. Montrer l’état de femme mariée était donc important.
Ce rituel a été réactualisé dans un sens égalitaire, mais encore aujourd’hui, il est souvent plus difficile à l’homme de passer l’alliance au doigt de sa femme que le contraire : survivance inconsciente de cette résistance féminine ou pur hasard ?
Le lancer de riz
Le lancer du riz à la sortie de l'église symbolise la prospérité et la fertilité pour les nouveaux mariés.
Cette pratique est issue d’un très ancien rite païen consistant à lancer des graines sur les jeunes mariés, graines dont la force et surtout la fertilité leur seraient ainsi automatiquement transmises...
De nos jours, les confettis et autres pétales, outre leur effet visuel non négligeable, ont aussi la réputation d'éloigner les "mauvais esprits" loin des jeunes époux.
Le mariage est soumis à de nombreux symboles et pratiques populaires, transmis de génération en génération.
Mariage pour les hommes et mariage pour les femmes ?
Et devinez qui fait quoi ?
L’organisation du mariage reproduit les formes traditionnelles de la division du travail dans l’espace domestique.
- Aux hommes le bricolage, l’installation des décors dans les salles de bal, les courses parfois réalisées à la dernière minute, le choix ou l’achat des boissons, et surtout la préparation des voitures entrant dans la composition du cortège.
- Aux femmes le choix et la disposition des décorations, la confection des plats, la mise en place des couverts.
« Destinée » à se marier
Certaines pratiques et croyances populaires étaient transmises de mère en fille. Aujourd’hui, elles sont réactivées par les sites et les blogs « mariage », présents sur l’Internet.
Ainsi, la mariée transmet son bouquet en le jetant ou en le faisant tirer au sort par les invitées célibataires.Celle qui gagne le bouquet est supposée se marier dans l’année.
Cette pratique populaire porte la croyance que la norme pour une femme est d’être mariée. Son maintien n’est pas neutre, même si elle est pratiquée avec humour et dérision.
Pour réussir leur mariage, les mariées adoptent souvent des traditions d’origines diverses. Ainsi cette tradition anglaise du 19ème siècle pour laquelle la mariée porte quatre éléments :
- « L’ancien », symbole du lien familial de la mariée et de sa vie jusqu'au mariage : accessoire ou bijou de famille portant les valeurs et les souvenirs de la tradition familiale (collier de perles ou voile de mariée transmis de mère en fille).
- « le neuf », symbole de réussite et de succès pour le futur (souvent la robe de mariée)
- « L’emprunté » portant chance et bonheur aux futurs mariés : élément prêté par une femme mariée, heureuse en ménage.
- L'élément "bleu" signe de fidélité et de pureté : jarretière ou mouchoir.
La pièce montée
Pendant longtemps, la mariée a découpé seule le gâteau. Cela signifiait la perte imminente de sa virginité. Les demoiselles d’honneur distribuaient ensuite les parts.
Aujourd’hui, les mariés découpent très souvent ensemble la première part, la main du marié sur celle de son épouse. Ce rituel symbolise la fertilité.
Au sommet du gâteau, généralement sous la forme d’une pièce montée, se situe une figurine représentant les mariés : ce type de figurine est appelé « hymen » par ceux qui les commercialisent, signe supplémentaire de la signification symbolique du rituel de la découpe du gâteau.
La jarretière
Dans ce rituel, la virginité de la mariée est symboliquement mise à prix.
Debout sur une table, sa jarretière est vendue au plus offrant, les enchères des hommes la faisant remonter, les enchères des femmes la faisant redescendre le long de la cuisse. Frivolité contre vertu.
Si le rituel est mis en scène par les hommes, la jarretière est fabriquée ou offerte par une femme proche de la mariée. La jarretière symbolise la virginité.
Traditionnellement, la jarretière de la mariée "mise en vente" provient du fait que les invités, bien avant l'apparition des listes de mariage, se devaient de participer, financièrement, au départ dans la vie des nouveaux mariés.
Actuellement, la tradition de la jarretière a moins cette fonction économique et se fait surtout sous forme de jeux, mais elle garde sa valeur symbolique de perte de la virginité.
Entre femmes
Le jour de la cérémonie, la mariée est entourée des femmes dont elle est proche (mère, sœur, amie) et avec lesquelles elle peut partager son intimité et son émotion.
Ce sont généralement celles qui ont participé activement à l’organisation de ce mariage et qui continuent, ce jour-là, à veiller au bon déroulement des opérations. Elles accompagnent aussi la mariée affectivement, et sont les témoins actifs du passage de son statut de femme célibataire à celui de femme mariée.
Devenir une épouse
La journée de mariage marque pour les femmes, le passage de l’état de jeune femme à celui d’épouse. Ceci est aussi vrai pour les hommes mais de manière beaucoup moins tangible et visible que pour les femmes.
Malgré leur réactualisation dans un sens égalitaire, il s’agit là de la survivance de la forme ancienne de ces rituels. La future mariée arrive souvent seule le matin à la mairie et en ressort officiellement au bras de son mari.
A l’église, elle entre au bras de son père après son mari, conduit par sa mère. Elle rejoint donc son futur époux, à qui elle est symboliquement donnée par son père. A la sortie, le couple se présente officiellement sur le parvis.
Le soir, il fait souvent une entrée théâtrale dans la salle du repas, qui peut être orchestrée par un DJ. Le couple peut aussi se mettre en scène par des jeux, et enfin, les mariés ouvrent le bal par une valse ou un slow qui symbolise l’union du couple.
Plus traditionnellement, la mariée ouvre le bal avec son père auquel se substitue le mari au cours de la valse.
Découvrez ce que laisse un mariage à la postérité.
Que reste-t-il d'un mariage ?
Un jour, mon prince viendra
Les mariés font appel à des photographes professionnels ou à un proche, amateur et très bon photographe, pour réaliser les photographies officielles, qui seront conservées dans un album, ou seront exposées chez eux. Ces clichés officialisent le couple, en lui donnant, par leur mise en scène, une forme de « vérité ».
Le cadre naturel et campagnard prédomine, même quand les photographies sont réalisées en studio (reconstitution d’une grange). Les poses, faussement naturelles, sont romantiques : on essaie de reproduire et de célébrer l’image d’un couple amoureux où prédomine la figure du prince charmant.
La photo sur la cheminée
Tout au long de la journée du mariage, les mariés sont photographiés et filmés par les invités ou par un photographe professionnel. Ces images « témoins » constituent une manière d’officialiser l’union des époux et d’en garder la trace.
Ainsi, l’échange des consentements et la signature des registres à la mairie et à l’église, l’échange des alliances à la mairie ou à l’église, l’entrée dans l’église au bras du parent de sexe opposé et la sortie du nouveau couple, font l’objet de véritables « mitraillages photographiques ».
On privilégie ce qui est visible ; ainsi, l’échange des consentements, rituel verbal, est souvent suivi d’un baiser du couple qui symbolise le « oui » prononcé. Ces clichés sont plus ou moins spontanés : certains sont posés, à la demande des photographes, comme la signature des registres, et d’autres pris sur le vif, porte toute l’émotion d’un moment exceptionnel.
La mariée dans sa robe, émue par cette journée qu’elle a souvent mis beaucoup de temps et d’énergie à préparer, est au centre de cette abondance photographique et de ce récit en images fixes ou animées.
La robe de mariage après la cérémonie
La robe est l’objet passeur et support du rituel, de sa mise en scène, de l’image de la mariée. C’est la robe d’un jour, de l’unicité et du rêve. Qu’en fait-on après le mariage ?
Une fois la journée terminée, les mariées la posent dans le coin d’une pièce, dans un carton, dans un placard. Elle est laissée « en vrac », « en tas », « dans un sac », comme un objet délaissé, usé, qui a servi et ne peut resservir. Il faut un certain temps pour la faire nettoyer. Elle a été portée, usée, salie.
Elle est devenue partie intégrante du corps de la mariée : corps physique puisqu’elle porte les traces de l’événement, corps social puisqu’elle a servi à la représentation du mariage, a été photographiée, touchée, admirée… La robe est désormais “ chargée ”, investie d’un ensemble d’actions, d’émotions, d’honneurs. Elle est chargée de l’histoire de la mariée et c’est ce qui lui donne de la valeur.