Mac Orlan s’attache particulièrement à la description des femmes. Il construit un dialogue littéraire entre celles qui sont restées au pays et les nouvelles rencontres au hasard des maisons de prostitution.
Il présente les premières comme étant souvent la cause de l’engagement des hommes dans la Légion et les secondes comme des confidentes du cafard mais sournoises, et dont les exemples de trahison sont clairement énoncés.
En résumé : la femme est un danger dont on ne peut se passer. Les prostituées sont des femmes « hybrides », elles proposent une culture nouvelle, mélange des cultures d’origine et coloniale.
Ces femmes de personnes sont entre ordre et désordre entre déviance et conformité. Le tatouage était une des pratiques des prostituées qui se gravaient sur la peau ici un visage d’européen, des initiales ou une tombe en cas de rupture. Le parcours de chacune d’elle est ainsi inscrit sur son corps.
« La femme arabe est souvent une précieuse auxiliaire de la police, et plus au sud, des affaires indigènes ».
Rues secrètes.
« Aïscha se rendit au bain, à l’extrémité de Dar Saboun. Toutes les filles du quartier se retrouvaient dans la cuve d’eau chaude. Elles jouaient, s’éclaboussaient d’eau, se chamaillaient, commentaient les évènements du jour et surtout de la nuit. La slaoui ne s’attarda pas, comme à l’habitude, au milieu de ses compagnes, qui, parfois, grâce à la langueur irrésistible du bain, devenait pour elle plus que des amies. Elle se drapa dans son haïk et se hâta de regagner sa chambre. Elle marchait vite, en traînant un peu les pieds. Ses talons passés au henné ressemblaient à deux roses, celles de toutes les chansons d’amour délabrées dans les harems ou tous les bordels poétiques, au Maghreb, à l’heure où les terrasses s’animent de femmes honnêtes et multicolores. »
La Bandera, 1935
« La plupart des filles, qui sont souvent jeunes et d’une grâce charmante, quand on veut bien oublier qu’elles sont des professionnelles, se font tatouer le visage, selon les coutumes particulières, et les bras selon la fantaisie des soldats qu’elles aiment.»
Quartiers réservés- Gallimard 1932.
« La femme est pour le soldat le plus puissant de tous les moteurs. Sans femmes on ne pourrait guère recruter l’armée des soldats de l’aventure. »
Quartiers réservés- Gallimard 1932.
« Djemila, élégante dans sa foutah bleu-marine à rayures de couleur, pouvait passer pour la plus jolie jeune femme du goum sud-tunisien. Son visage régulier et sa silhouette souple évoquaient les éléments les plus séducteurs de la poésie du Grand-Sud. Comme c’était une fille bien élevée, elle sortait toujours voilée.»
Le Camp Domineau, Gallimard 1937. Cartes avec itinéraires.
« Se faire tuer pour un idéal humain demande une certaine préparation intellectuelle ».