Musée

Un musée, un objet : Portrait de Frédéric Gérard, dit Frédé

Photographie ancienne représentant Frédéric Gérard avec l'âne Boronali, sur le pas de la porte de l'étable.
© Collection MDSM
En 2025, le musée fête ses 30 ans. 30 années qui ont vu ses collections s’agrandir jusqu’à compter quelque 25000 œuvres et objets. Le plus grand nombre est conservé en réserves. Chaque semaine de cette année, nous vous proposons de partir à la découverte de ces collections invisibles. Cette semaine, un portrait de Frédé avec l'âne Boronali.

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Portrait de Frédéric Gérard, dit Frédé

  • Création : 1ère moitié du 20ème siècle
  • Matériau/technique: tirage gélatino-argentique sur papier baryté mat
  • Dimensions : H. 31cm, l. 24 cm 
  • N° inventaire : MDSM 1987.6.3

Frédéric Gérard dit "Le père Frédé" et son âne Lolo, dit "Boronali" (anagramme d'Aliboron) devant le Lapin Agile à Montmartre.

Le 8 mars 1910, Roland Dorgelès emprunte Lolo, l'âne de Frédéric Gérard, tenancier du Lapin agile, cabaret de Montmartre. En présence d'un huissier de justice, maître Brionne, Dorgelès fait réaliser un tableau par Lolo l'âne à la queue duquel on a attaché un pinceau. Chaque fois que l'on donne à l'âne une carotte celui-ci remue frénétiquement la queue, appliquant ainsi de la peinture sur la toile.

Dans la salle 22 du Salon des indépendants en 1910, le public, les critiques et la presse découvrent l'œuvre intitulée Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique, attribuée à un jeune peintre italien dont personne n'a jamais entendu parler : Joachim-Raphaël Boronali (« JR. Boronali, peintre né à Gênes »).

Boronali fait connaître aux journaux son Manifeste de l'excessivisme où il justifie ainsi son nouveau mouvement pictural : « Holà ! grands peintres excessifs, mes frères, holà, pinceaux sublimes et rénovateurs, brisons les ancestrales palettes et posons les grands principes de la peinture de demain. Sa formule est l'Excessivisme. L'excès en tout est un défaut, a dit un âne. Tout au contraire, nous proclamons que l'excès en tout est une force, la seule force... Ravageons les musées absurdes. Piétinons les routines infâmes. Vivent l'écarlate, la pourpre, les gemmes coruscantes, tous ces tons qui tourbillonnent et se superposent, reflet véritable du sublime prisme solaire : Vive l'Excès ! Tout notre sang à flots pour recolorer les aurores malades. Réchauffons l'art dans l'étreinte de nos bras fumants. »

Dorgelès expliquera sa motivation pour « montrer aux niais, aux incapables et aux vaniteux qui encombrent une grande partie du Salon des indépendants que l'œuvre d'un âne, brossée à grands coups de queue, n'est pas déplacée parmi leurs œuvres. »