Pierre Mac Orlan

Lettre de Mac Orlan à André Malraux

Cette lettre datée du 30 juillet 1954 montre la considération de Pierre Mac Orlan pour André Malraux.

Transcription de la lettre

« Cher André Malraux,

J'ai pris l'habitude d'occuper le mercredi de chaque semaine, un des nombreux bureaux vides de notre ami Gaston ; et c'est ainsi que j'ai fait connaissance de Mademoiselle Florence qui est une jeune fille accomplie. Voici de quoi il s'agit. Un jeune homme qui est mon voisin et me connaît bien, du moins autant que je me laisse connaître, prépare un livre sur moi dans la collection Boisdeffre. J'ai l'intention d'écrire pour ce livre une préface afin d'apporter sur ce texte une lumière plus personnelle. Cette préface est basée sur ce sujet : ma génération est cultivée par des images et celles qui me suivent par des idées. Tout naturellement, vous fûtes dans ma pensée le point de rencontre de ces deux courants. Votre situation littéraire et humaine est exceptionnelle. Je ne vois pas d'autres exemples à citer d'un écrivain actuel qui ait su accorder l'action et la poésie qui en découle. Cette préface écrite, je vous l'enverrai pour que vous puissiez y répondre, si cela vous convient, en y apportant vos critiques et vos approbations, si l'occasion s'en présente. Je terminerai ce petit travail dans le courant de septembre prochain. Je vous le ferai parvenir et nous prendrons rendez-vous pour déjeuner ensemble dans un bistrot, comme c'était en 1924*. Car cet exposé demande un peu d'explications pour se présenter naturellement à un public qui, d'ailleurs, ne lit pas.

Votre vieil ami : Mac

*J'évoquerai la période de la rue du Ranelagh avec Fleuret, Arland, Elémir Bourges, Apollinaire, Salmon...

Le déjeuner - qui me réjouit - pourrait peut-être se faire dans la première quinzaine de septembre ? Qu'en pensez-vous ? Ou à un autre moment. »