Pierre Mac Orlan

Un homme, un musée, une maison

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© Collection MDSM
Le musée de la Seine-et-Marne possède une collection sur Pierre Mac Orlan (1882-1970), devenue première collection publique sur cet écrivain. Il complète sa maison qui se trouve dans le village de Saint-Cyr-sur-Morin, labellisée maison des illustres depuis 2013, et l'Auberge de l'Œuf Dur, équivalent du Lapin Agile, à la campagne, rouverte au public depuis 2022, avec un bar à bières et bientôt une salle d'exposition sur le dessin de presse.

Pierre Mac Orlan à Saint-Cyr-sur-Morin

Un homme...

Pierre Dumarchey, dit Mac Orlan, est né à Péronne - Somme - le 26 février 1882. Après une jeunesse montmartroise où il tenta vainement de vivre de sa peinture, il partit pour la guerre 1914-1918, puis voyagea beaucoup, engrangeant les nombreux souvenirs qui devaient nourrir son œuvre.

Il fit ses armes de journaliste et plaça ses débuts littéraires sous le signe de l’humour et de l’insolite avec La Maison du retour écœurant, 1912, et Le Rire jaune, 1914, puis donna des récits fantastiques, Le Nègre Léonard et maître Jean Mullin, 1920 ou La Cavalière Elsa, 1921.

Capable d’évoquer avec vivacité un monde cosmopolite et “en marge”, tel La Bandera, 1931, inspirée par la Légion étrangère, Mac Orlan excelle aussi à composer des ouvrages où le réel se mêle à l’imaginaire, où l’aventure surgit dans les rues de Montmartre, de Rouen ou de Brest : Le Quai des Brumes, 1927, Marguerite de la Nuit, 1925 ; les poèmes de L’inflation sentimentale, 1922 et de Simone de Montmartre, 1925.

Cette distinction constante entre l’aventurier “actif” et l’aventurier “passif” - ou littéraire - est explicité dans le Petit Manuel du parfait aventurier, 1920 et 1950, et illustré par les Poésies documentaires complètes, 1954, croquis citadins narquois ou pages hallucinées faisant appel aux cultures oubliées.

Bon nombre de ses poèmes, d’une grande richesse argotique, ont été mis en musique, composant les Chansons pour accordéon, 1953. En 1950, il fut élu à l’Académie Goncourt. Il décède le 27 juin 1970.

... un village, Saint-Cyr-sur-Morin ...

C’est en 1913, que Berthe Luc, barmaid du Lapin Agile, cabaret à la mode de Montmartre, et mère de Marguerite qui venait d’épouser Pierre Mac Orlan, achète une ancienne fermette briarde située dans le hameau d’Archets, à Saint-Cyr-sur-Morin.

Elle souhaitait protéger ses enfants du besoin et son choix se porta sur ce village qu’elle connaissait bien puisque Julien Callé et Frédéric Gérard, les deux principaux animateurs du Lapin Agile y avaient récemment fondé « L’auberge de l’Œuf Dur », que fréquentait tout ce petit monde montmartrois composé d’artistes et d’écrivains.

C’est ainsi que Pierre Mac Orlan découvrit Saint-Cyr-sur-Morin en compagnie d’autres célébrités comme Roland Dorgelès, Francis Carco, André Warnod, Max Jacob. Rien ne l’attirait a priori en ces lieux, lui qui préférait les villes portuaires et la Bretagne dont l’atmosphère était plus propice à ses rêves d’aventures et au mystère qu’il affectionnait.

Dès 1926-1927, pourtant, après la guerre 1914-1918 durant laquelle il fut blessé, il s’installa définitivement dans sa maison de Saint-Cyr-sur-Morin jusqu’à sa mort en 1970, tout en gardant toujours un appartement à Paris. C’est à Saint-Cyr-sur-Morin qu’il écrivit la plus grande partie de son œuvre.

... Une maison

La maison de Pierre Mac Orlan est située à Archets, hameau de Saint-Cyr-sur-Morin. Elle dévoile l’intimité de l’écrivain et présente son cadre de vie quotidien. A travers une visite sensorielle et une scénographie intimiste qui sait se faire discrète, confiée à l’architecte Frédéric Beauclair, également auteur de la restitution de la maison de Foujita à Villiers-le-Bâcle dans l’Essonne, les visiteurs sont plongés dans l’authentique univers de l’écrivain.

Le parti pris scénographique a consisté à restituer la maison telle qu’elle était dans les années 1960, la dernière décennie vécue par Mac Orlan. On évoque ainsi la rupture qu’a constitué 1963, année du décès de Marguerite, l’épouse de l’écrivain. La maison perd alors ses odeurs de pot-au-feu et Mac Orlan s’adapte à une vie sans compagne.

Propriété de la commune, ce lieu a été rénové avec la participation financière de la Région Ile-de-France et du Conseil général de Seine-et-Marne et l’accompagnement technique du Comité Départemental du Tourisme de Seine-et-Marne.

Afin de faire revivre ce lieu de mémoire, la Commune de Saint-Cyr-sur-Morin en a confié les visites au musée départemental de la Seine-et-Marne, qui conserve déjà une collection d’environ 8 000 objets consacrée à l’écrivain et présente une salle qui lui est dédiée.

La mise en valeur de l’écrivain Pierre Mac Orlan s’inscrit dans le réseau régional des Maisons d’écrivains et d’hommes célèbres et s’intègre dans un projet en faveur de l’attractivité touristique de ce territoire : la découverte de la vallée du Petit-Morin sur les traces de Pierre Mac Orlan.

La maison de Pierre Mac Orlan a par ailleurs reçu le label "Maisons des Illustres", crée en 2010 par le Ministère de la Culture et de la Communication. Ce label valorise des sites historiques, liés à une personnalité du monde politique, social ou culturel et récompense l'action culturelle qui y est menée. Il est attribué aux maisons ouvertes au public plus de quarante jours par an et dont le but n'est pas uniquement commercial.

Il s'agit donc d'une belle reconnaissance de sa mise en valeur et du travail de médiation qui y est mené.
La maison de Pierre Mac Orlan rejoint les 111 sites déjà labellisés en France, dont, pour la Seine-et-Marne, le musée départemental Stéphane Mallarmé à Vulaines-sur-Seine, la maison de Louis Braille à Coupvray et l'atelier-musée Rosa Bonheur à By-Thomery.

Deux lieux dédiés pour restituer le souvenir de Mac Orlan à Saint-Cyr-sur-Morin

Dans le décor campagnard de la vallée du Petit-Morin, découvrez l’univers intime et littéraire de Pierre Mac Orlan grâce à la visite de sa maison.
Le musée de la Seine-et-Marne conserve la plus importante collection raisonnée dédiée à l'écrivain.

La maison de Pierre Mac Orlan

« Cette petite maison, que j’habite toute l’année, est tellement bien ajustée à mon corps qu’elle me complète comme un vêtement de chasse ou de golf, un vêtement où l’on se trouve à l’aise sans le remarquer et peut-être sans savoir pourquoi. »
Pierre Mac Orlan, Art et Médecine, 1934

Par vœu testamentaire, Pierre Mac Orlan a légué sa maison, ses biens et la gestion de son œuvre à la Commune de Saint-Cyr-sur-Morin.

Un Comité des Amis de Pierre Mac Orlan, composé d’amis du monde littéraire et de Saint-Cyr-sur-Morin, assure le rôle d’exécuteur testamentaire de l’écrivain.

Sa maison du hameau des Archets est aujourd’hui rénovée est ouverte à la visite (voir la rubrique Horaires & tarifs). Restauré avec soin, le parcours invite le visiteur à entrer dans l’intimité de l’écrivain.

Tout y a été préservé, escaliers étroits, jardins, couleurs des peintures, tapisseries, emplacement du mobilier, odeurs, effets personnels de l’écrivain et mêmes les voix de ses occupants…

Le musée départemental de la Seine-et-Marne

Installé dans l’ancienne auberge « La moderne » entièrement transformée, le musée départemental de la Seine-et-Marne est investi d’une double mission. A sa vocation de rendre compte de l’histoire et de l’évolution de la société du nord de la Seine-et-Marne s’ajoute la mission de conservation et de valorisation de l’œuvre de Pierre Mac Orlan et de sa présence à Saint-Cyr-sur-Morin.

En 1993 puis en 1996, la Commune de Saint-Cyr et le Comité des amis de Mac Orlan ont mis en dépôt au musée départemental quelque 6000 pièces provenant de la maison de l’écrivain, pour leur conservation et leur mise en valeur : manuscrits, éditions originales, dessins et projets liés à l’illustration de son œuvre, archives et objets personnels, soit les pièces les plus précieuses.

Ces pièces sont venues s’ajouter à celles données par Pierre Guibert, l’ami aubergiste de Pierre Mac Orlan, et s’enrichissent d’acquisitions régulières faites par le musée. Elles sont présentées à l'occasion d'expositions temporaires qui permettent de présenter les différents aspects de l'oeuvre de l’écrivain du « fantastique social », à un public plus large que ne le permet le cadre intime de sa maison.
Le fonds Pierre Mac Orlan est accessible aux chercheurs sur rendez-vous.

Pierre Mac Orlan et sa maison

« Cette petite maison, que j'habite toute l’année, est tellement bien ajustée à mon corps qu'elle me complète comme un vêtement de chasse ou de golf, un vêtement où l'on se trouve à l'aise sans le remarquer et peut-être même sans savoir pourquoi.

... Je vis donc dans une petite maison dont j'ai en quelque sorte drapé les murs anciens autour de moi, comme un manteau. Elle est peuplée d'êtres vivants qui s'incorporent dans ces murs, qui font partie de son empire et dont il m'est difficile d'imaginer le départ pour des raisons déprimantes...

... Les choses qui m'entourent me sont devenues tellement familières que je ne saurais les décrire, pas plus que je ne saurais décrire exactement la forme de mon nez. Je sais que tout cela m'appartient. Dès que je touche du doigt un de mes meubles je sais que ce meuble m'appartient. Mais quelqu'un - il y a toujours de ces gens... – viendrait me dire que cet objet ne m'appartient pas, que je n'en serais pas surpris. A mon âge, la propriété n'est qu'un mot usé jusqu'à la trame comme tous les mots que je suis bien obligé d'employer pour gagner ma vie. Ce que je possède sûrement, sans malentendu, c'est ce que j'imagine, ce que j'écris, ce que je raconte selon mon humeur du jour. C'est un bien insaisissable. A côté de cette certitude, un mur en pierres de taille n'est qu'une apparition fantomatique. Quand, sur la route on passe devant ma maison, elle fait songer à un presbytère de petit village. Quelquefois, dissimulé derrière un rideau, j'entends les réflexions des promeneurs. Elles sont souvent saugrenues; en général, peu conformes à l'opinion que j'ai de ma demeure. Les uns me disent: "Quelle drôle de petite maison! Comme elle est basse! Comme elle est enterrée !.." Ceux-là peuvent toujours attendre sur un pied que je vienne leur ouvrir la porte. »

Pierre Mac Orlan, dans Art et Médecine, 1934.