Un musée de société

Histoire & présentation

Les collections ethnographiques du musée départemental de la Seine-et-Marne proviennent du don effectué par les Guibert, propriétaires de L’hôtel Moderne, en 1987, et par les collectes et acquisitions de la conservation départementale d’ethnographie, entre 1976 et 1985. A cela s’ajoute un dépôt du MuCEM.
Depuis 1988, le Conseil général de Seine-et-Marne mène une politique d'acquisition active afin de compléter les fonds du musée.

Le fonds constitutif

La collection Guibert

Acquise en 1987 en même temps que l’hôtel Moderne, elle se compose de quelque 3500 pièces, principalement des outils et instruments provenant de la société rurale des vallées du Petit-Morin, Grand-Morin, de la Marne et de l’Ourcq, correspondant à la Brie laitière, l’Orxois, le Multien et aux confins de la Champagne.

Pierre Guibert les choisissait pour leur esthétique mais aussi pour les gestes techniques qu’ils évoquent et parce qu’ils étaient attachés à un utilisateur qu’il connaissait.

Tout ceci était consigné dans sa mémoire sous forme pittoresque et poétique et a été livré au musée lors de l’inventaire de la collection en 1987 et 1988. On connaît donc le plus souvent la provenance exacte de ces objets et leur contexte d’utilisation, ce qui en fait un matériel d’étude précieux pour l’ethnologue.

Parmi eux, certains objets ont définitivement disparu ou sont devenus presque introuvables : ainsi, une ancienne charrue de Brie dont le versoir date de la fin du 18e siècle, un semoir à grain en vannerie d’osier, un panier pour le transport du charbon sur les bateaux qui circulaient sur la Marne, et du matériel ancien pour la fabrication du fromage de Brie.

Le dépôt du Musée national des Arts et Traditions Populaires (MuCEM)

Ce dépôt est composé de collections (matériel agricole et artisanal, objets domestiques, pièces vestimentaires du nord de la Seine-et-Marne) qui ont été collectées dans les années 1940-1950 par le folkloriste Pierre-Louis Menon, par Berthe Ferandy et par Zoé Noël-Damiette qui fut présidente du groupe folklorique « la Brie ». Des folkloristes importants, comme Roger Lecotté et Pierre-Louis Menon, se sont en effet intéressés à la Brie.

Ils ont contribué, par leurs enquêtes et leurs collectes, à la conservation et à la connaissance d’éléments matériels caractérisant les activités humaines de la Brie, principalement celles du milieu rural d’avant-guerre, ou de la décennie après la Seconde Guerre mondiale.

La constitution des collections du MuCEM

Ces collections sont parfaitement documentées à partir des témoignages de fabricants ou des utilisateurs des pièces collectées et s’accompagnent souvent de relevés ou dessins et de photographies. Ainsi, du matériel de berger fut collecté en Brie dans le cadre de la grande enquête sur la France pastorale entreprise par Mariel Brunhes-Delamarre.

De même, les collections de Berthe Ferandy et Zoé Noël-Damiette, constituées à la même période, s’inscrivent dans ce mouvement folkloriste. Tous recherchaient les éléments originaux pouvant être porteurs d’une « identité briarde ». A travers le mobilier comme à travers le costume transparaît « l’âme » de la province et s’affirme « l’art populaire ».

Cette vision régionaliste négligeait les multiples influences extérieures reçues par un territoire et doit être aujourd’hui nuancée. Il n’en demeure pas moins que cette démarche a permis de recueillir un matériel aujourd’hui disparu qui peut faire l’objet d’études par les chercheurs contemporains.

La collection rassemblée par la conservation départementale d’ethnographie

Cette collection a été constituée entre 1976 et 1985. Cette conservation avait été créée parallèlement à la constitution du musée départemental de Préhistoire d’Ile-de-France à Nemours, en vue de créer le pendant de ce musée pour les périodes historiques.

Des collectes eurent lieu pendant une dizaine d’années, à l’initiative d’Henri Wasserman, alors conservateur, pour rassembler des témoignages matériels des activités humaines sur le territoire seine-et-marnais afin de créer un musée dont le programme ressemblait à celui du musée national des Arts et Traditions Populaires, transposé à l’échelle locale.

Des pièces rares furent ainsi acquises, comme une table d’égouttage en grès pour la fabrication du fromage de Brie ou un métier à passementerie à système Jacquard, aujourd’hui en état de fonctionnement dans une salle du musée, grâce à sa restauration par un ingénieur en passementerie de la région de Saint-Etienne. A cela s’ajoute une importante documentation photographique effectuée à la même période sur le territoire seine-et-marnais.

Les acquisitions depuis 1987

La politique d’acquisition du musée est restée très active et se fait le plus souvent en complément d’enquêtes ethnologiques ; par exemple, un fonds sur l’osiériculture et la vannerie du Petit-Morin a été constitué au début des années 1990, rassemblant à la fois des objets, des photographies et des prises de vue filmographiques.

Parmi ces enquêtes, on peut également citer : la tuilerie de Bezanleu, l’habitat rural du nord Seine-et-Marne, les mariniers de Saint-Mammès, l’utilisation du cheval de trait, la culture du chasselas à Thomery, mais aussi des sujets plus contemporains, comme l’ergonomie au travail, les modes de consommation, les représentations du genre féminin à travers le mariage, le jouet contemporain, l’immigration.

Certains de ces projets de recherche sont complétés par des commandes artistiques : ainsi, des photomontages réalisés par Catherine Poncin dans le cadre du projet « C’est quoi ton travail ? », une série photographique sur des états actuels du paysage seine-et-marnais par Nicolas Frémiot, et récemment une centaine de portraits de Seine-et-Marnais au travail par le photographe Guy Hersant.