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La robe de mariée

Découvrez les symboles et l'imaginaire liés à la robe de mariée, élément central du mariage.

Quels liens entre robe et mariage ?

Les filles et le mariage

Depuis sa plus tendre enfance, la famille, la société, la culture dans lesquelles la petite fille grandit lui proposent des modèles et des images :

  • des photographies de mariage de l’univers familial, jouets,
  • des comptines et contes traditionnels, lui enseignent le mariage comme une finalité (le fameux : « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »),
  • un univers de la mode féminine (tout défilé de mode se termine par le mariage symbolique de son créateur avec un mannequin en robe de mariée),
  • une presse people et des magazines féminins où le thème du mariage ressort à chaque printemps, reportages télévisés sur des mariages célèbres.

Et bien sûr, les arts, la littérature et le cinéma racontent et mettent en scène des cérémonies de mariage socialement conformes ou transgressives.

Avant tout projet de mariage concret, les femmes se construisent avec ces images, qu’elles refusent ou auxquelles elles adhèrent, mais dont elles sont de toute façon imprégnées.

Ces images se mêlent à leur histoire personnelle. Il n’est pas neutre que le modèle de robe actuellement le plus en vogue soit celui d’une robe de princesse...

La robe fait la mariée

Dans la préparation du mariage, la robe occupe une place très importance et « organise » celui-ci. Elle induit le style de la cérémonie.

Par son élaboration puis son utilisation, elle « fait » la mariée, au triple sens, matériel, symbolique, social.

Elle désigne la mariée et la rend reconnaissable. Beaucoup adoptent ce code social et culturel.

Entre la robe rêvée et celle qu’elles revêtent le jour de leur noce, il existe souvent un écart, fruit du compromis avec les impératifs religieux, les représentations sociales, familiales.

On ne porte donc jamais totalement la robe de ses rêves, mais plutôt une robe issue d’une négociation faisant intervenir conjoint, famille, commerçants, religion et univers social.
L’habit est investi des représentations et du sentiment familial, en particulier de celui de la mère et des sœurs.

Les mères sont les plus impliquées dans la dépense liée à l’habillement de la mariée. Elles accompagnent souvent les choix et les essayages. La robe de mariée permet ainsi la transmission de l’identité d’épouse ou de femme mariée entre mère et fille.

Les fabricants et certaines chaînes de magasins proposent tous les éléments pour finaliser la tenue. Les techniques de vente poussent à acheter des accessoires pas forcément nécessaires.
Ces techniques rencontrent l’imaginaire des mariées et les représentations inculquées de longue date : « robe de rêve, robe de princesse… »

La forme des robes de mariée

Depuis le Moyen Age, l’habit de mariage est neuf. Cette robe d’apparat montre le statut social.

Au 18ème siècle, elle devient un objet de mode. Le stéréotype se construit peu à peu.

Les robes de mariée sont de forme plutôt simple jusqu’à l’après-guerre. Elles adoptent dans les années 1960 les formes du vêtement ordinaire.
C’est depuis les années 1980 qu’on assiste à la diffusion massive des robes d’apparat, plus proches du costume de théâtre ou d'opéra.

Ces robes, constituées d’un bustier serré et d’une jupe ample, s’inspirent de formes anciennes du vêtement et imitent les robes de princesse, de marquise.
Ces formes mettent en valeur le corps : crinolines, traînes, jupons, masquent les rondeurs, tandis que les corsets affinent la taille.

Les fabricants leur donnent des noms qui rencontrent l'imaginaire des mariées : mythologie, géographie, histoire, théâtre, cinéma, univers romantiques.

La robe fait-elle la mariée ?

La recherche de la robe et les séances d'essayage permettent à la future épouse d’intérioriser progressivement son rôle et son identité de mariée.

Cette incorporation est mentale, physique et corporelle : elle s’opère par l'image que renvoie le miroir.

Elle est également sociale par la confrontation au regard des personnes présentes : la vendeuse et les proches qui confirment l’image produite.

L’incorporation passe aussi par le fait de bien se tenir dans un vêtement inhabituel et inconfortable, destiné à produire une représentation précise du corps : corset serré, traîne et jupons encombrants...

La jeune femme doit faire sienne cette tenue. Les effets de rideaux de la cabine, le dévoilement de la future mariée aux "spectatrices", l’attitude attentive de la vendeuse, théâtralisent l'essayage de la robe.

Le blanc de la robe

Le blanc est associé au mariage traditionnel.

Il domine encore, même s’il est pondéré par l’utilisation de teintes proches du blanc, comme ivoire, beige, champagne, ou par des couleurs complémentaires qui soulignent les tenues (bordeaux, rose, vert pâle…).

Le blanc de la robe de mariage est récent.
C’est le résultat d’une évolution lente dont l’origine remonte au 16ème siècle, quand le pape lia dans une même promesse de salut, le sacrement du baptême à celui du mariage par cette couleur.
Le blanc devient alors symbole de pureté dans les fêtes catholiques.

Au 17ème siècle, il symbolise l’innocence et la virginité. La mode se répand. Au 19ème siècle, les figures de la jeune fille pure, de la communiante, et de la mariée sont liées.
Suivant le modèle de la Vierge imposé par l'Eglise, le blanc rappelle que la sexualité est réservée à la procréation légitime.

Toutefois, dans les régions françaises, les robes folkloriques noires ou de couleur, complétées par une couronne ou un voile, persistent encore un certain temps.

Rester parfaite

La mariée, symbole de pureté et de perfection, doit conserver sa robe propre tout au long des cérémonies et des séances photos.Elle réajuste des accessoires qui sont parfois gênants, ainsi que son maquillage. Elle fait attention à ses postures et focalise souvent son attention sur un détail qui la gêne.

La mariée, au début de la journée, paraît un peu raide dans cette robe, large et imposante, à laquelle elle n’est pas habituée.La forme du bustier, en pointe, et le port du bouquet induisent une position des mains jointes vers le bas, en un geste de chasteté.

Cette robe est appropriée quand la mariée, à la fin de la soirée, ouvre le bal par une valse.
Le rituel religieux s’assortit de gestes plus ou moins conscients : main qui va chercher celle du mari après l’échange des consentements, en signe d’amour et d’appropriation, passage de l’alliance au doigt, plus maladroit de la part du marié que de la mariée, mise en valeur par la mariée de l’alliance juste après cet échange.

Enfin, la force du rituel entraîne une émotion visible, davantage manifestée par la mariée et les femmes qui lui sont proches (sa mère, sa sœur…).